Le nom de la maréchaussée fait référence à la fonction de maréchal, à savoir un subordonné du connétable dans l'armée royale du Moyen Age.
Le lien étymologique et historique entre ce maréchal et l'ancêtre de notre gendarmerie tient au fait qu'à la fin du Moyen Age, s'était constituée une juridiction des maréchaux, la maréchaussée.
La maréchaussée était à l'origine un tribunal jugeant les gens de guerre et siégeant à Paris. Dès que les dimensions du royaume l'exigèrent (à partir du XIVe siècle), il fallut envoyer près des armées, des juridictions de maréchaussée, sous l'autorité d'un prévôt. Cette justice, en quelque sorte "volante", s'implanta territorialement dans la deuxième moitié du XVe siècle, sous le règne de Louis XI. Au XVIe siècle, la maréchaussée, qui restait une juridiction (et cela jusqu'à la Révolution), apparut définitivement dans le paysage français, comme la police royale répandue sur tout le territoire: installées dans de vastes ressorts de juridiction, les unités de maréchaussée parcouraient le territoire qui leur était attribué en de longues chevauchées, conduisant les troupes de garnison en garnison. Son action ne fut plus limitée aux affaires militaires mais, sous l'autorité plus ou moins formelle des autres juridictions royales, elle devint le bras armé de l'extension de la justice du roi.
Maréchaussée de grands chemins
Pour définir ce que fut alors la compétence de la maréchaussée (et qui restera le trait distinctif de l'action de la gendarmerie), disons que, lorsqu'il ne s'agissait pas d'affaires militaires, sa mission concernait les affaires de "grands chemins", notion qui évoque à la fois la route et la campagne.
Des grands chemins, il nous est resté principalement l'expression de "bandits de grands chemins". En effet les attaques de diligence n'appartiennent pas exclusivement à la tradition romanesque. Au contraire, nous touchons là à la fonction principale de la maréchaussée dans le domaine de la sécurité publique: c'est dans leur lutte contre les bandes armées qui sévissaient sur les grands chemins que la maréchaussée s'illustra particulièrement.
En revanche, les villes n'entraient pas, en principe, dans la juridiction de la maréchaussée. L'existence des polices municipales était en effet un élément majeur des franchises municipales. Mais cela n'interdisait pas aux villes de solliciter l'aide de la maréchaussée lorsque la police locale se révélait insuffisante, par exemple à l'occasion des fêtes et foires, pour la surveillance des auberges et des cabarets, ou lors « d’émotions populaires ». Ces forces d'appoint fournies par la maréchaussée étaient appelées les "chevaliers du guet".
Retenons enfin que sous Louis XV, un édit du 9 mars 1720 a fourni à la maréchaussée l'essentiel de ce qui fait l'implantation territoriale de la gendarmerie d'aujourd'hui. Ce qui justifia l'intervention royale était l'inadaptation des grandes chevauchées des troupes de maréchaussée aux nécessités réelles de la sécurité publique: quand la maréchaussée intervenait en force en un point de sa juridiction, elle découvrait le reste de son ressort. C'est pourquoi l'édit de 1720 procéda à une refonte complète de la répartition des forces de maréchaussée: les grandes troupes armées en chevauchée cédèrent la place à l'implantation, tout au long des grands chemins, de petites brigades de 8 unités, soit 5 hommes et 3 officiers (de nos jours, la composition des brigades évolue entre 6 et 30 unités, avec une moyenne assez proche de celle de 1720). Leur zone d'action était de 4 à 5 lieues en deçà et au delà de l'implantation de la brigade, soit entre 40 et 60 kilomètres, comme de nos jours.
La gendarmerie, parfois force militaire de combat
Au cours de son histoire, et bien que ce ne soit pas sa vocation première, la gendarmerie a souvent été appelée à combattre. Son drapeau est orné de plusieurs noms de batailles dans lesquelles elle a été engagée au service de la république et de l'empire:
Pour la gendarmerie départementale :
HONDSCHOOTE 1793
VILLODRIGO 1812
TAGUIN 1843
SEBASTOPOL 1855
Pour la garde républicaine :
DANTZIG 1807
FRIEDLAND 1807
ALCOLEA 1808
BURGOS 1812
Deux cents gardes républicains sont morts pour la France durant la guerre 1914 - 1918. Pendant la guerre 1939 - 1945 et la longue période d'occupation du territoire national, de nombreux gardes républicains entreront dans la Résistance et certains d'entre eux paieront cet engagement de leur vie.
Contrôle de gendarmerie en Algérie
Source ECPAD
La gendarmerie a ensuite été présente sur les théâtres d'Opérations Extérieures: pendant la guerre d'Indochine de 1945 à 1954, et en AFN de 1952 à 1962.
Depuis 1984, toujours dans le cadre des OPEX, la gendarmerie nationale est intervenue au Liban, en Algérie, au Kosovo, au Rwanda, en Côte d'Ivoire et dans les divers pays de l'ex Yougoslavie.
La gendarmerie moderne
Depuis 1921-1926, une partie de la gendarmerie nationale, appelée gendarmerie mobile pour la distinguer de la gendarmerie départementale et des unités spécialisées, vit, non pas en brigades mais en casernes, et reçoit des missions différentes. Des détails d'uniformes permettent de distinguer ces deux gendarmeries: parements et galons argentés pour la départementale, jaunes pour la mobile.
L'escadron motocycliste de la gendarmerie départementale
14 juillet 2007 - Champs Elysées - Paris Collection PC FNCV
Nous venons d'y faire allusion: comme la police nationale, la gendarmerie a dû, depuis la seconde guerre mondiale, se spécialiser pour s'adapter aux formes nouvelles de la criminalité et aux nouveaux besoins de la sécurité civile: l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (police criminelle et scientifique), la gendarmerie de montagne, la gendarmerie de l'air, la gendarmerie maritime, les unités de prestige et de musique, avec une note particulière pour le GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale), créé en 1974, qui fut en France la première force spécialisée dans le domaine de la répression du terrorisme et de la prise d'otages.
L'Ecole des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN),
défile en tenue de tradition. Devise: "La Patrie, l'honneur et le droit"
14 juillet 2007 - Champs Elysées, Paris Collection PC FNCV
-FNCV-
La signification de l'emblème
L'insigne général :
L'insigne est argenté pour la gendarmerie départementale, doré pour la gendarmerie mobile et la garde républicaine.
Le heaume :
Le heaume du XVe siècle rappelle l'origine de la gendarmerie:"compagnie de la connétablie, gendarmerie et maréchaussée de France" commandée par le grand prévôt général.
L'écu :
L'écu amovible et distinctif de chaque corps ou chaque formation. Ici, insigne général de la gendarmerie nationale.
Le glaive :
Le glaive symbolise la force au service du droit.
La couronne civique :
La couronne civique formée par deux rameaux de chêne. Elle rappelle que la première mission est la défense des citoyens et le secours des personnes en danger.
La grenade :
La grenade devint l'emblème quand la maréchaussée devint gendarmerie nationale le 17 Février 1791. Elle reprenait l'emblème des "grenadiers", troupe militaire d'élite. La grenade était sous l'Ancien Régime un signe de prestige très recherché.