Le chant "Le 31 du mois d'Août" est un hommage au corsaire français Robert Surcouf, et tout particulièrement à un glorieux fait d'armes accompli en 1800: la prise du Kent par la Confiance.
A cette époque, sur les mers et en particulier dans l'Océan Indien, Robert Surcouf, intrépide corsaire malouin commissionné par la France, menait une guerre de course, attaquant sans relâche les navires militaires et marchands de l'Empire britannique. C'est ainsi qu'en août 1798, il appareille à bord d'un brick armé de 14 canons, le Clarisse. Avec ses 105 marins, il arraisonne deux bricks anglais et deux bricks portugais. Puis, ce sont deux deux navires de commerce anglais qu'il capture, et enfin, l'Auspicious, un trois mâts anglais armé de 20 canons. Surcouf s'empare d'un butin de plus de un million de francs.
Poursuivi dans le golfe du Bengale par la Sibylle, navire anglais de 56 canons ayant plusieurs centaines d'hommes à bord, il parvient à s'échapper, en jetant à la mer une partie de ses canons pour s'alléger. Ce qui ne l'empêche pas de terminer sa croisière en capturant un autre brick anglais ainsi qu'un bateau de commerce qu'il ramène à l'Ile Maurice, que l'on appelait "l'Ile de France".
Il reçoit alors le commandement d'un navire corsaire, la Confiance, frégate de 491 tonneaux, 39 mètres de long, armée de 18 canons, servie par un équipage de 150 hommes. Au mois de mars, il reprend la route des Indes pour traquer l'Anglais, son passe-temps favori.
Le 7 octobre 1800, non loin de Calcutta, il se trouve face à un magnifique vaisseau anglais, le Kent. Celui-ci l'ayant aperçu et reconnu, fonce sur lui.
Ce navire de 824 tonneaux aligne 26 bouches à feu, près de 200 hommes d'équipage qui ont reçu le renfort de deux compagnies de fusiliers marins armés de mousquets, soit un effectif embarqué de 437 personnes. La partie s'annonce particulièrement inégale, à tel point que le capitaine Robert Rivington commandant du Kent fait monter ses passagers et passagères sur la dunette, afin de les faire profiter du spectacle du bateau français qui, sans nul doute, va être très vite envoyé par le fond. Le général Saint-John et son épouse se trouvent parmi les invités.
Mais la bataille va prendre un tour bien différent. Surcouf, capitaine de 27 ans, engage une série de manoeuvres d'évitement extraordinaires d'audace et d'habileté: en contournant la poupe du vaisseau de haut-bord et profitant de la petite taille de sa petite frégate, il parvient à éviter la bordée de canons du Kent qui passe au niveau de la mâture, à s'approcher au plus près du vaisseau, à lui jeter ses grappins, et enfin à s'arrimer bord à bord.
C'est l'abordage !
Avec une folle témérité, les 150 corsaires français grimpent à l'assaut du vaisseau de haut-bord et de ses 450 hommes. En dépit de leur importante infériorité numérique, les Français, armés de pistolets, de piques, de haches, se battent au corps à corps sur le pont du Kent qui mesure 400 mètres carrés. Leur énergie est telle qu'ils prennent peu à peu le dessus. Après trois heures d'un combat sanglant, le capitaine Rivington est tué. Les Anglais qui comptent 40 tués et autant de blessés, amènent leur pavillon. Les Français n'ont qu'une quinzaine d'hommes hors de combat. Surcouf, après avoir fait mettre les femmes sous protection dans les appartements du Kent, autorise le pillage libre durant une heure. Après quoi, il donne l'ordre à chacun de reprendre son poste, ce qu'exécutent aussitôt ses hommes, avec discipline.
On imagine l'accueil que reçurent Surcouf et son équipage, de retour à terre avec une telle prise. Dès lors, les Anglais, tout en reconnaissant la vaillance, la valeur, et l'humanisme dont faisait preuve leur ennemi juré à l'égard des prisonniers, offrirent une récompense de 5 millions de francs à qui capturerait Robert Surcouf, lequel commençait à leur coûter fort cher.
Ils n'y parvinrent jamais. Robert Surcouf poursuivit pendant plusieurs années ses aventures de corsaire, et mourut en 1827, riche, comblé, et honoré. Il fut enterré à Saint.Malo, avec pour garde d'honneur d'anciens marins qui avaient servi sous ses ordres.
Le trente et un du mois d´août
Nous vîmes venir sous l´vent vers nous,
Le trente et un du mois d´août
Nous vîmes venir sous l´vent vers nous,
Une frégate d´Angleterre
Qui fendait l´air et puis les eaux,
Voguant pour aller à Bordeaux
Le capitaine, un grand forban,
Fait appeler son lieutenant
Le capitaine, un grand forban,
Fait appeler son lieutenant :
"Lieutenant, te sens-tu capable,
Dis-moi, te sens-tu z´assez fort
Pour prendre l´Anglais à son bord?
Refrain
Buvons un coup, buvons-en deux
A la santé des amoureux,
Buvons un coup, buvons-en deux
A la santé des amoureux,
A la santé du roi de France
Et merde pour le roi d´Angleterre,
Qui nous a déclaré la guerre!
Le lieutenant fier z´et hardi
Lui répond : Capitaine, z´oui
Le lieutenant fier z´et hardi
Lui répond : Capitaine, z´oui
Faites branl´bas à l´équipage
Je vas z´hisser not´pavillon
Qui rest´ra haut, nous le jurons.
au Refrain
Le maître donne un coup d´sifflet
Pour faire monter les deux bordées
Le maître donne un coup d´sifflet
Pour faire monter les deux bordées
Tout est paré pour l´abordage
Hardis gabiers, fiers matelots
Braves canonniers, mousses, petiots.
au Refrain
Vire lof pour lof en bourlinguant,
Je l´abordions par son avant
Vire lof pour lof en bourlinguant,
Je l´abordions par son avant
A coup de haches d´abordage
De pique, de sabre, de mousquetons,
En trois cinq sec, je l´arrimions
au Refrain
Que dira-t-on du grand rafiot,
En Angleterre et à Bordeaux,
Que dira-t-on du grand rafiot,
En Angleterre et à Bordeaux,
Qu´a laissé prendre son équipage
Par un corsaire de six canons
Lui qu´en avait trente et si bons?