Tonkin - 1885 - Marsouin,
"retour de colonne"
Charles Hocquard -
Musée de l'armée,Paris
Marché de Cholon
Bouddha
Baie d'Along - Lucien Lièvre -
Musée Quai Banly, Paris
Chants de la Marine et des T.D.M.
Marie Dominique
Les paroles du chant Marie Dominique ont été écrites par pierre Mac Orlan, célèbre poète et écrivain. La musique a été composée par l'accordéoniste Victor Marceau.
Mac Orlan, qui était un ancien marsouin, souhaitait ainsi rendre hommage aux troupes de marine qui combattaient en Indochine. Mac Orlan s'était engagé dans l'armée lors de la première guerre mondiale, au cours de laquelle il avait été blessé, ce qui lui valut la croix de guerre.
Marie Dominique évoque avec des accents mélancoliques les rêves d'aventure et d'exotisme, ainsi que la découverte de l'Indochine du début du vingtième siècle, par un jeune soldat de marine qui s'aventure dans les quartiers chauds de Saïgon, et notamment à Cholon, où se situaient les maisons de prostitution, les bars louches, les fumeries d'opium et les maisons de jeu. Marie Dominique, ce sont aussi les espoirs déçus de ce marsouin tombé amoureux des beaux yeux d'une fille, lorsqu'il s'aperçoit qu'elle s'intéresse surtout à ses piastres...
NB : A noter que le mot cagna (en argot militaire: abri dans une tranchée) vient de l'annamite cai-nha (maison rudimentaire).
J'étais un soldat de marine,
J'venais d' m'engager pour cinq ans.
J'avais vingt ans, belle poitrine,
Comme dans l' refrain du régiment.
Dans les bistrots près de Lourcine,
Les anciens m'en faisaient un plat :
Tu verras c' que c'est l'Indochine.
Ecoute la chanson d'un soldat.
R - Marie, Marie-Dominique,
Que foutais-tu à Saïgon ?
Ça ne pouvait rien faire de bon
Marie-Dominique.
J' n'étais qu'un cabot clairon.
Mais je me rappelle de ton nom
Marie-Dominique.
Est-ce l'écho de tes prénoms
Ou le triste appel du clairon,
Marie-Dominique ?
C'est ta démarche balancée
Qui effaça tous mes espoirs
Car cette bonne vie si bien rêvée
Ce serait idiot de t'en vouloir
Cette chanson de la Coloniale
C'est le résultat en cinq ans
De mes erreurs sentimentales
Selon l'expérience des camps.
Je ne savais pas que la chance,
Ne fréquentait points les cagnas,
Et qu'en dehors de la cuistance,
Toute le reste ne valait pas ça.
Tu m'as fait comprendre des choses,
Avec tes p' tits airs insolents,
Et je n' sais quelles apothéoses,
C'était l' plus clair de mes tourments.
Ce fut Marie la Tonkinoise,
Qui voulut faire notre bonheur,
En m' faisant passer sous la toise,
Dans l' vieux Cholon ou bien ailleurs.
Tu étais rusée comme un homme,
Mais ton but je l' voyais très bien,
Avec ta morale à la gomme,
Au cours de la piastre à Nankin.
Tu m'as gâté mon paysage
Et l'avenir quand sur l'transport
Je feuilletais de belles images
Peintes comme des bouddhas en or
Où sont les buffles dans les rizières
Les sampans, l'arroyo boueux
Les congaïes, leurs petites manières,
Devant le pouvoir de tes yeux.