Le petit fils Michel, combattant volontaire des SAS en Algérie, en 1958
Témoignages de Volontaires
Michel Ponomareff : Mon grand'père était un cosaque du Don
Mikhail Simonovich Ponomarev, mon grand'père, (nom devenu en France Ponomareff) est né le 22 Septembre 1892 à Rostov sur le Don, en Russie.
Ayant choisi de faire une carrière militaire, il fut incorporé dans le régiment des cosaques du Don. C'étaient des cavaliers d'élite depuis le 3 janvier 1570, date à laquelle Ivan le Terrible avait reconnu officiellement les cosaques du Don et s'était attaché leurs services. Ils étaient des Hommes Libres et égaux comme tous les cosaques en Russie Impériale.
L’armée du Don, la principale armée cosaque de l'Empire, pouvait mobiliser quasiment sans délais 70.000 sabres. Les cosaques de la Garde impériale étaient issus du Don, leur base de recrutement était à Novotcherkassk. Ma grand- mère est née dans cette ville.
Chevauchée des cosaques du Don en 1814 - Moscou Paris à cheval
Les cosaques du Don connurent leur apogée durant les guerres entre la Russie et Napoléon Ier; ils sont réputés pour avoir effectué par grand froid une traversée des Alpes jugée infranchissable. Le 31 Mars 1814, l’ataman Platov et ses cosaques entrèrent dans Paris en vainqueurs, escortant l’empereur Alexandre 1er. On pouvait craindre le pire, mais ses cosaques, qui bivouaquaient sur les Champs-Élysées ne commirent pas d'exactions contre la population civile. On peut seulement leur reprocher d'avoir coupé des arbres dans le quartier pour cuire leurs "chachliki" et de s'être baignés nus dans la Seine avec leurs chevaux. Nous leur devons le nom de "bistro" qui signifiait "vite!", lorsqu'ils commandaient à boire.
Ces cavaliers firent partie de la garde impériale du tsar Nicolas II et combattirent sous les ordres de l'ataman Mitrofan Petrovich Bogaïevski qui fut fusillé par les bolchéviques en 1918.
Le grand'père Mikhail,
cosaque du Don en Russie, en 1920
Lors de la révolution de 1917, mon grand'père crut, comme beaucoup de cosaques, que le bolchévisme ne passerait pas, mais en 1921, ils durent se rendre compte que les aides en armes promises par l'Angleterre, n'arrivaient pas et que combattre avec succès cette révolution à laquelle ils étaient hostiles, était devenu impossible. C'est pourquoi, en Octobre, comme beaucoup de ses amis, il quitta Rostov et son Don paisible les larmes aux yeux et s'embarqua, accompagné de ma grand-mère enceinte de ma mère, à destination de Constantinople, comme beaucoup de Russes Blancs tsaristes à cette époque.
Après que ma mère fut née, ils rejoignirent Paris, où mon grand'père devint chauffeur de taxi. Ma grand-mère, qui voulait elle aussi travailler pour aider son mari et élever sa fille, trouva un emploi dans une maison de couture appartenant au prince Youssoupov, celui là même qui avait tué Raspoutine dans la nuit du 16 décembre au 17 décembre 1916.
Le drapeau des cosaques du Don était composé de trois bandes horizontales bleu, jaune et rouge. Je me souviens que mon grand-père avait pieusement conservé chez nous ce drapeau, et aussi celui de la Russie Impériale, le même que celui que la Russie a adopté. Mon grand-père me disait alors " Michel, jamais plus ce drapeau ne flottera sur notre Pays à nouveau". Il serait heureusement surpris, je crois, du retournement de l'Histoire...
Le cimetière russe de Saint Geneviève des Bois
Mikhail Simonovich Ponomarev est décédé en Octobre 1956 à Clichy sur Seine, dans son taxi à l'arrêt. Depuis le 8 février 1879, les Cosaques du Don ont un carré au cimetière russe de Ste - Geneviéve des Bois, près de Paris.