L’ARMISTICE DE NOVEMBRE 1918 ET LA RESURRECTON DE LA POLOGNE
1918. Cette date représente pour la Pologne non seulement l’anniversaire de l’armistice mais aussi de la résurrection nationale de ce pays partagé jusqu’alors entre la Russie, l’Allemagne et l’Autriche.
C’est en 1918 que le comité national polonais fit part de la création d’une armée nationale en France et de la nomination à son commandement du général Haller, aux gouvernements alliés et associés. Il leur demandait de reconnaitre aux forces armées polonaises combattant contre les empires centraux le caractère d’une armée co-belligérante et alliée, ce qui fut admis le 11 octobre 1918 par le gouvernement britannique, le gouvernement italien et le 1er novembre par les USA.
C’est grâce à cette triple reconnaissance de cette armée constituée avec l’aide de la France et sur notre territoire (Décret du 4 juin 1917 et 28 septembre 1918) que la Pologne a pu participer à la conférence de la Paix, d’où sa résurrection après son partage en 1793 et sous les trois obédiences précitées.
L’ORIGINE DE L’ARMEE POLONAISE CONSTITUEE EN FRANCE EN 1914
2 000 jeunes Polonais, ouvriers, intellectuels, répondirent à l’appel du Comité des Volontaires organisé dans les premiers jours de 1914 à Paris.
Ils furent, bien entendu, en tant qu’étrangers non mobilisables, affectés à la Légion Etrangère, et versés dans les trois régiments de marche de la Légion, malgré leur désir exprimé de rester groupés en unité distincte, cela étant contraire aux principes de la Légion.
Cependant, un premier détachement parti de Rueil-Malmaison, caserne actuelle du DCI, fut dirigé sur Bayonne, d’où après son instruction achevée, il constitua la 2ème Compagnie de Bataillon C du 1er Régiment de Marche. Le Colonel Pain qui commandait le Régiment aimait cette compagnie que tout le monde appelait déjà « Polonaise » ; un peloton était commandé par un officier polonais. Un autre détachement du même effectif fut versé après son instruction terminée à Rueil, au 3ème régiment de marche, 3ème bataillon.
LES COMBATS
Dès novembre 1914, ils participent à divers combats des grandes unités françaises (Légion), notamment en Champagne, secteur relativement calme, permettant de s’aguerrir et en mai 1915, ils prennent une part active aux « affaires de la Targette des Ouvrages Blancs » au nord d’Arras, Souchez, Vimy et Nôtre-Dame-de-Lorette.
Le 22 juillet 1918, au camp de Mailly, le président Raymond POINCARE attache la croix de guerre au fanion troué de balles de la « compagnie polonaise » et procède à la remise officielle du drapeau à la 1ère division de l’armée polonaise en présence de Romain DMOWSKI, président du Comité national polonais. Dès lors, les Polonais combattirent héroïquement, en libres fils de Pologne pour la libération de leur patrie. Ces troupes polonaises participeront à la manœuvre du général GOURAUD le 13 juillet en Champagne. Cette manœuvre ayant nécessité un recul, le général donne l’ordre de reprendre le terrain volontairement abandonné.
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Un bataillon du 1er régiment de chasseurs polonais s’élance avec furie. La 5ème compagnie (capitaine KRZYWKOWSKI) se distingue particulièrement en enfonçant l’ennemi à Saint-Hilaire-le-Grand et ramenant 160 prisonniers. L’ennemi avait laissé sur le terrain 55 tués, 70 blessés et 30 mitrailleuses.
A l’issue de cette attaque, le 2ème bataillon a reçu une citation, à l’ordre du 22ème CA.
Ces combats, et d’autres livrés dans la région, ont laissé pour témoin le cimetière d’Auberive, situé sur l’ancienne voie romaine Suippes-Reims où un monument national rappelle le sacrifice des soldats polonais.
On raconte que les prisonniers allemands furent stupéfaits en voyant le colonel JASIENSIKI coiffé d’une superbe czapka nationale au lieu du casque, afin, disait-il, d’apprendre aux Allemands qu’il y avait des Polonais en face d’eux.
Cette nouvelle armée polonaise eut un effet moral très heureux sur les Polonais résidant à l’étranger, notamment aux USA où trois millions s’y trouvaient, ayant quitté la Pologne pour ne pas devenir Allemands, Autrichiens ou Russes. Après entente avec l’Union des sokols polonais d’Amérique qui comptaient 80 000 membres, il fut décidé d’accord avec le Congrès, de laisse partir de France 20 000 volontaires.
Durant ce temps, on recueillait un grand membre de Polonais parmi les prisonniers allemands et autrichiens, en Italie de même qu’en France. Ils furent groupés dans un camp en Auvergne et dès qu’ils apprirent l’existence de cette Armée polonaise, 2 000 d’entre eux s’y engagèrent. En Italie, 35 000 Galiciens qui s’étaient volontairement rendus sur le front italien rejoignirent leur armée nationale.
Lieutenant-Colonel L’HOSPITALIER (R),
LV n°298 de 09/1978