En hommage ému au souvenir de ceux
qui sont morts pour donner à la France le
plus bel empire qui soit...
E. V.
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Des désordres sociaux d'une extrême gravité se sont produits en
Afrique du Nord, pays français depuis cent quinze ans, au début du
mois de mai 1945.
Brusquement, les Français d'Algérie se sont trouvés en
présence du commencement d'exécution d'un complot de vaste
envergure, s'étendant sur tout le territoire des trois départements de
Constantine, Alger et Oran.
Ce complot, préparé de longue main, avait pour but de faire
disparaître, par le fer et le feu, tout ce qui portait un nom français
dans le pays, pour y instaurer on ne sait quelle organisation
berbère, à la solde ou agissant pour le compte de puissances
occultes non encore divulguées, mais s'appuyant ouvertement sur
les partis extrémistes dont la France rencontre l'action destructive
chaque fois qu'un conflit mondial met son existence en péril.
Il s'en est fallu d'un simple hasard que l'incendie allumé n'ait pas eu l'entier effet qui était escompté par ses auteurs :
l'anéantissement total de l'oeuvre plus que séculaire édifiée par la
France en Algérie, oeuvre pour laquelle les étrangers eux mêmes
ont manifesté si souvent, dans le passé, leur admiration...
* * *
Le drame est passé, comme passent tous les événements, même
les, plus douloureux, pour les sociétés humaines.
Chose triste à dire : le danger n'est pas écarté pour la France et
ses représentants, en Afrique du Nord. Il persiste et il s'aggrave.
On semble refuser de s'inspirer des enseignements de
l'expérience vécue si tragiquement. On fait pis encore : on cache la
vérité. On fausse l'Histoire, dans un sentiment que la raison et
l'équité se refusent à expliquer. On jette un voile sur des faits dont
il faudrait tirer des conclusions logiques, exemptes de passion,
mais fermes, afin d'en éviter le retour.
On gracie les coupables, condamnés régulièrement par des
tribunaux. On renvoie dans le bled ces éléments nocifs et
perturbateurs qui, forts de l'impunité inattendue dont ils viennent
d'être l'objet, et qu'ils attribuent à de la faiblesse (pour ne pas
employer un autre mot), deviennent plus arrogants, plus agressifs,
plus menaçants.
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Les hommes qui gouvernent la France, qui ont la responsabilité
de son avenir et de ses destins, ontils
le droit de continuer à
tolérer, sur notre territoire, la reconstitution et le renforcement
d'organisations berbères qui ont fait, récemment, la preuve de leur
action antifrançaise et peuvent, brusquement, paralyser nos
moyens d'action, en cas de danger ?
Poser cette question, n'est ce
pas prendre la défense de nos
intérêts nationaux menacés et des populations, aussi bien
françaises d'origine qu'autochtones, du sud de la Méditerranée,
lesquelles seraient entraînées dans un drame plus terrible que tous
ceux, horriblement tragiques, qui se sont produits au cours de ces
dernières années ?
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Note: Cet ouvrage a été déposé chez l'éditeur en 1948, trois ans après les douloureux évènements de Sétif.
Puisse-t-il, par la clairvoyance de son auteur, éclairer les responsables politiques de ce début du vingt et unième siècle, et leur faire enfin prendre conscience des lendemains tout aussi tragiques que la population française devra bientôt affronter, par suite de plusieurs décennies d'aveuglement !