Conséquence de la deuxième
guerre mondiale, la guerre d’Indochine constitue l’une
des pages les plus méconnues de notre histoire.
Dans un contexte de
décolonisation, sur fond de guerre froide, elle opposa
les troupes vietminh, soutenues par la Chine et l’URSS, à l’armée
vietnamienne, partie intégrante du corps expéditionnaire
français.
La France nommera le général
de Lattre de Tassigny pour redresser la situation et mettre
les Vietnamiens en
face de leurs responsabilités.
Celui-ci se rend aux Etats-Unis pour demander l’aide
américaine ; la guerre de Corée bat alors son
plein. Il obtiendra tout l’équipement nécessaire
pour constituer l’armée vietnamienne, destinée à terme à assurer
la relève du corps expéditionnaire français.
« Mon fils n’est pas mort pour la France, mais
pour le Vietnam »
Ce lointain conflit fut vécu en France dans l’indifférence
générale, soulevant même l’hostilité d’une
opinion publique, ignorante de ses enjeux et de son déroulement
sanglant et dramatique.
« Mon fils n’est pas mort pour la France, mais
pour le Vietnam » dira le général de
Lattre, dont le fils, jeune chef de section de 24 ans, vient
d'être tué au combat.
Malgré la littérature et les films consacrés à la
guerre d’Indochine, force est de constater que cette
méconnaissance persiste encore aujourd’hui et
que les manuels scolaires sont truffés d’erreurs
ou d’oublis…
Les
origines de la guerre
La guerre d’Indochine se déroule
de 1946 à 1954, sur les territoires de la péninsule
indochinoise, conquise par la France entre 1859 (prise de Saïgon),
et 1887 (création de l’Union indochinoise), comprenant
l’Annam, le Tonkin, le Cambodge, la Cochinchine et le
Laos.
Au cours de la deuxième guerre mondiale, la France
subit, en métropole, la défaite de 1940, puis
en Indochine, l’invasion partielle du Tonkin par les
troupes japonaises, celle du Cambodge par la Thaïlande
et enfin, en mars 1945, le coup de force de l’armée
japonaise.
Une guerre difficile
de huit ans !
Cette série d'événements, et l’atteinte à l’image
de la puissance militaire de la France qui en résulte,
vont être, parmi d'autres facteurs et notamment le
clivage entre les puissances totalitaires et le monde libre, à l’origine
de la création du Viet-minh, le Front de l’indépendance
du Viet-nam, et d’une guerre difficile, qui va
durer huit ans.
Déroulement du conflit
A leur retour en octobre 1945, après
la capitulation du Japon, les forces françaises conduites
par le général Leclerc peuvent réoccuper
sans difficulté la partie méridionale de la péninsule
; en revanche, en ce qui concerne la partie située au
nord du 16e parallèle, les négociations avec
le Viet-minh et la Chine s’avèrent difficiles,
en raison des exigences d’Hô Chi Minh qui revendique
le contrôle du Tonkin, de l’Annam et de la Cochinchine,
ce que la France n’accepte point : les troupes françaises
arrivent à Hanoï où elles prennent la relève
des éléments chinois.
Le Viet-minh, qui s’était emparé du
pouvoir en août 1945, se voit contraint de se replier
dans la jungle.
La guerre commence par le bombardement du port de Haïphong
et le coup de force du Viet-minh à Hanoï en fin
1946.
En 1950, l’armée française est défaite à Cao
Bang par une coalition des forces du Viet-minh et de la Chine.
En 1951, l’action du général de Lattre
de Tassigny permet aux troupes françaises d’obtenir
quelques succès, mais ce n’est qu’un répit.
1952 - Les marins de la Rivière Noire -
Un Monitor avec sa tourelle de char et ses canons jumelés de 37mm et 20mm
1952 - Quelques paras rescapés de Tu-Lé - Le sgt-chef Balliste, et derrière lui,
les sgts Miossec, Chalon, Coulombeau, Combes et le porte-fanions Zorzin
Le 7 mai 1954, les volontaires français retranchés à Dien
Bien Phu succombent, après une résistance héroïque,
face à un adversaire très supérieur
en nombre.
En juillet, les accords de Genève sont conclus :
la France se retire, et une frontière est tracée
au niveau du 17e parallèle, entre les deux états
qui se constituent, avec, au nord, la République démocratique
du Viet-nam et au sud, la République du Viet-nam.
22 au 25 mars 1954 - Ouverture de route entre Dien Bien Phu et Isabelle.
Servants d'une mitrailleuse cal.30, disposée en fusil-mitrailleur
23 mars 1954 - Contre-attaque du 1er BEP appuyé par les chars,
entre Dien Bien Phu et Isabelle
Ce clivage idéologique va conduire quelques années
plus tard, à de nouveaux affrontements sur le sol
indochinois entre les deux blocs est/ouest : le communisme
contre le monde libre.
Volontaires
en Indochine
Dans les textes qui vont suivre,
le colonel Gagniard, ancien président de la FNCV, témoin
et acteur de cette période de notre histoire, tente
une synthèse, parfois sans complaisance mais toujours
sincère, sur ce que fut, sur ce théâtre
d’opérations souvent sans front, la guerre menée
face à un ennemi insaisissable, depuis le sergent
français
en poste ou le jeune lieutenant français, promu commandant
de compagnie, qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes.
Parfois sans liaison avec l’unité voisine ou
son supérieur, aucun ne peut se sentir en sécurité.
Les lieutenants, aux deux galons frais cousus, mouraient
par centaines, une promotion de Saint-Cyr par an, a-t-on
dit.
« Votre tour viendra. Je consomme un officier par
mois ! »
Au sous-lieutenant Gagniard, officier de réserve,
volontaire pour servir en Indochine, impatient dès
son arrivée
de partir en opération, le Colonel, commandant le
1er Chasseurs, régiment blindé emblématique
du Tonkin, répondra : « Votre tour viendra.
Je consomme un officier par mois ! ».
Huit jours plus
tard, le jeune officier prendra le commandement d’un
peloton d’auto-mitrailleuses.