Daniel Brottier naît en 1876 à la Ferté Saint Cyr, en Sologne, au sein d'une modeste famille.
Ayant choisi la voie religieuse, il entre en 1887 au séminaire de Blois et est
ordonné prêtre en 1899. Ayant choisi la Congrégation du Saint-Esprit, il part
pour Saint Louis du Sénégal, et deviendra ensuite vicaire général auprès de
l'évêque de Dakar.mais il sera contraint de rentrer en France en raison de
problèmes de santé. En 1907, il est réformé et dégagé des obligations
militaires. Lorsque la guerre éclate, le 2 août 1914, et bien qu'il soit
exempté, le père Brottier s'engage immédiatement dans le corps d'aumôniers
militaires créé par Albert de Mun. Trois semaines plus tard, le 26 août 1914, il
quitte Paris pour le front.
Ses premières affectations sont dans les Vosges, sur la Somme, puis en Belgique, où il apporte son réconfort aux blessés et aux mourants. Le mois de février 1916 trouve le père Brottier dans l'enfer de Verdun, où la bataille vient de
commencer avec des bombardements d'une violence inouïe. Le père Brottier, homme de caractère, gai, droit, entraînant, est toujours en première ligne auprès des soldats, durant les combats. Il est distingué par le général Joffre.
Les officiers étant tous tués ou blessés,
il prend le commandement de la
compagnie
Après une période de relative accalmie dans l'Oise, le père Brottier est envoyé
sur la Somme où, au cours d'un combat particulièrement meurtrier, il va se
conduire en véritable chef militaire. Les officiers d'une compagnie ayant tous été tués ou blessés, il prend le commandement , donne ses ordres aux
sous-officiers et relance l'unité dans la bataille.
Août 1917: un officier français du 121e régiment d'infanterie grièvement blessé
est tombé entre les lignes, et se trouve sous le feu des mitrailleuses
allemandes. Le père Brottier, brandissant un drapeau de la croix-rouge,
accompagné de deux brancardiers, se rend sur place et ramène le blessé dans les lignes françaises. Les mitrailleurs allemands respectueux d'un tel courage,
cessent le tir.
Il se dépense sans compter sur la ligne
pour secourir les blessés sous le feu
En mai-juin 1918, le 121e R.I. est au Chemin des Dames. Les combats sont féroces et les soldats français encerclés subissent bombardements, gazages et
mitraillages incessants.Le régiment perd 445 hommes dont 63 tués. Le père
Brottier se dépense sans compter sur la ligne, relevant, pansant, secourant les
blessés. Après cet épisode, le père Brottier repart pour le secteur de Verdun où
il restera jusqu'au mois d'octobre. L'armistice du 11 novembre le trouve sur les
bords de la Moselle.
Après la guerre, Daniel Brottier, ayant quitté ses fonctions d'aumômier
militaire volontaire, se consacrera à l'UNC dont il a été le père fondateur,
avec l'appui de Georges Clemenceau, "le Tigre". Il y perpétue l'esprit "Unis
comme au front". A partir de 1923, il s'occupera de ses deux autres oeuvres : le
Souvenir Africain et les Orphelins apprentis d'Auteuil.
Le père Brottier, le protégé de Sainte Thérèse, s'est éteint le 28 février 1936 à l'hôpital Saint-Joseph après avoir accompli la mission qu'il s'était lui-même
fixée. Sa dépouille repose dans la chapelle Sainte Thérèse d'Auteuil. Officier
de la Légion d'honneur, ayant affronté la mort à de multiples reprises, sorti
miraculeusement indemne de la guerre, le père Brottier était titulaire de 6
citations. Sa croix de guerre était ornée de 3 palmes et trois étoiles. Le 25
novembre 1984, il sera béatifié par le pape Jean-Paul II.
Sa dernière citation comporte ces mots :
Aumônier légendaire au 121e RI pour sa bravoure calme et réfléchie,
son mépris du danger, son extraordinaire esprit de dévouement et d'abnégation.