En 1914, à la déclaration de guerre, il n’a que 16 ans mais brûle de combattre. Ses parents s’y opposent. Il réussit néanmoins à s’engager comme volontaire dans un régiment de l’armée belge et part pour le front des Flandres. Il y recevra une première blessure au combat.
Revenu à Marseille en janvier 1915 à la demande expresse de son père, il parvient à nouveau à contourner les difficultés familiales et administratives et à s’engager au sein du 159e régiment d’infanterie stationné à Briançon, qui est en partance pour l’Alsace.
Son régiment est l’un de ceux chargés de prendre le Lingekopf, sommet dont les pentes boisées se prêtent à une organisation défensive meurtrière pour les attaquants. Le comportement au feu de Fernand Fille est brillant. Le 2 août, il est proposé pour la médaille militaire.
Mais le surlendemain 4 août, alors qu’il prend part à un assaut, il tombe, atteint de plusieurs projectiles. Il est transporté mourant à l’hôpital d’Epinal, où il va subir l’amputation du bras gauche et l’ablation de l’œil droit. Sa robuste constitution va lui permettre de survivre à cette terrible épreuve.
Pour ses glorieux faits d’armes, Fernand Fille recevra la croix de guerre avec palme, la médaille militaire ainsi que la croix de la Légion d’honneur, avec cette mention :
« Fille (Ferdinand-Auguste), aspirant : Très bon sous-officier, engagé volontaire pour la durée de la guerre, a toujours donné le plus bel exemple de courage et de dévouement. S'est maintenu seul pendant quinze minutes dans un élément de tranchée attaqué par l'ennemi. Titulaire de la médaille militaire, amputé du bras gauche».
Ce combattant volontaire de 18 ans est en 1915, le plus jeune chevalier de la Légion d’honneur de France.
Extrait de la revue « Les Volontaires » de mars 2006