Hommage du colonel Jacques Gagniard à Emile Gueguen
J’ai bien connu Emile GUEGUEN. Il était de ceux avec lesquels on lie une amitié sincère au premier coup d’œil.
Nous nous étions simplement croisés sur le terrain en Algérie au cours d’opérations délicates.
Puis le hasard a voulu qu’à Saumur quelques années après, je sois associé à lui dans la préparation de l’équipe de France de pentathlon moderne dont il avait la direction. Cette équipe avait, par la suite, remporté, en 1968, une médaille de bronze aux jeux olympiques de Mexico.
L’équipe avait été entièrement composée de militaires issus de l’équipe nationale de pentathlon militaire et sélectionnés àpartir des deux disciplines de base qu’étaient la natation et le cross. Ce fut un choix des plus heureux du commandant Gueguen.
Emile était un homme que nous apprécions tous pour son autorité naturelle et son charisme. Son extrême rigueur sur le respect des plans d’entrainement et l’aptitude à obtenir l’engagement total de ses athlètes jusqu’à l’extrême limite de leurs forces laissaient espérer des résultats que la France n’avait jamais atteints depuis sa sélection aux jeux de 1948.
Nous partagions les mêmes valeurs autant sur la préparation et la conduite de la troupe au combat que sur la préparation physique des cadres de notre armée.
A Saumur où nous étions parfaitement équipés pour les trois épreuves techniques : équitation, tir de vitesse, et escrime, j’avais eu la charge, dans le cadre de la préparation et sélection olympique, d’organiser le championnat de France de pentathlon moderne. Et bien entendu les quatre premiers furent des militaires dont son fils, alors élève au Lycée militaire de La Flèche, deux sous-officiers para et un lieutenant de l’ABC. Ils avaient donc constitué l’équipe de France pour Mexico.
Nous avons quitté l’uniforme à la même époque. Parmi les raisons qui nous avaient poussés à prendre cette décision, sans concertation d’ailleurs, il y avait certainement celle de ne pouvoir espérer être suffisamment entendus sur la nécessité primordiale de former des cadres, officiers et sous-officiers capables, au combat, de pouvoir reculer les limites de la fatigue pour commander dans la plénitude de leurs moyens.
J’avais appris qu’il avait tenté sa chance dans le « business » aux Etats-Unis. S’il a conduit ses affaires comme il conduisait ses hommes, la réussite qu’il avait connue était dans la logique de ses convictions.