Le général
(air) Joseph RISSO, membre du comité d’honneur
de notre Fédération, est né à
Cadolive dans les Bouches-du-Rhône. Engagé dans
l'aviation en 1938, il entre à l'école de pilotage
Caudron d'Ambérieu la même année. En 1939-1940
il termine son instruction à l'école d'Istres.
Après l'armistice de 1940, il s'évade de Nouvion
(Algérie) à bord d'un Simoun pour rejoindre
Gibraltar. Après un atterrissage forcé à
la Linéa, il réussit à rallier les F.F.L.
à Gibraltar puis en Angleterre.
Pilote de chasse de nuit dans la R.A.F., il est l’un
des tous premiers éléments du Groupe de chasse
n° 3 « Normandie ». Il arrive en U.R.S.S.
à Ivanovo en octobre 1942 et restera dans cette unité
jusqu'en 1948.
Il a ensuite occupé de nombreuses fonctions dans l'armée
de l'air, affecté notamment à l'état-major
de la 5ème région aérienne d'Alger, à
la 11ème escadre de chasse comme commandant en second,
à la 13ème escadre de chasse tout temps en qualité
de commandant.
Il a également été auditeur au Collège
de défense de l'O.T.A.N. puis affecté à
la direction de la sécurité militaire. Après
un passage au centre des hautes études militaires et
à l’institut des hautes études de défense
nationale, il dirige le centre d'opérations de la défense
aérienne à Taverny ; il était alors général
de brigade.
Le général RISSO est décédé le 24 novembre 2005 à l'âge de 86 ans.
Ses obsèques ont été célébrées dans l'intimité familliale, le 28 novembre 2005.
Normandie-Niemen : Origine et création
Fin 1941, le colonel LUGUET ralliait les Forces Françaises
Libres. A la suite d'un entretien avec le général
De Gaulle, ce dernier, en accord avec le comité national
de la France Libre, propose au gouvernement soviétique
l'envoi d'une formation combattante française en Russie.
Le groupe de chasse CG3 Normandie, qui allait devenir plus
tard le régiment « Normandie-Niémen »,
était né, seule force occidentale à combattre
sur le front de l'est.
Briefing avant mission
Les négociations débutèrent en février
1942. Elles furent longues. Pendant ce temps, les volontaires
français recrutés arrivent de toute part pour
être rassemblés au Moyen-Orient. Parmi eux, soixante
seulement furent retenus par le commandant POULIQUEN pour
créer une escadrille complète et opérationnelle.
Le nom de la province « Normandie » fut retenu
pour nom de tradition de l'escadrille. C'est le jour de la
libération de Paris que, sur ordre de STALINE, l'escadrille
se verra ajouter le nom de « Niémen » pour
être enfin « Normandie-Niémen ».
Parti de Rayack le 12 novembre 1942 en avion, les 61 Français
qui composent l’unité (14 pilotes et 47 mécaniciens)
s'envolent à destination de Bassora. Après
une traversée mouvementée du désert
irakien et des montagnes iraniennes, l'escadrille arrive
enfin à
Téhéran le 18 novembre 1942. Les aviateurs
furent reçus très chaleureusement par l'ambassadeur
soviétique et les personnalités civiles et
militaires iraniennes ainsi que diverses communautés.
Départ de Téhéran le 27 novembre 1942
et arrivée à Goriev au bord de la mer Caspienne
le 28 novembre où, pour la première fois, les
Français posaient le pied sur le sol soviétique
en vue du combat contre les armées allemandes.
Arrivée à Ivanovo, qui sera la base d'entraînement
de l'escadrille, le 29 novembre 1942. Après trois
mois d'entraînement intensif, l'escadrille est enfin
apte aux opérations de combat. Le modèle
d'avion retenu par les Français qui avaient le choix
entre plusieurs appareils, fut le Yak 1. Le 22 mars 1943,
la formation complète arrive sur un terrain de combat
dénommé
Polotniani-Zavod où ils rejoignent la 303ème
division de chasse à laquelle ils appartiendront
toute la guerre.
Pendant trente et un mois, les aviateurs français
du « Normandie-Niémen » vécurent
l’existence sur le front de toutes les escadrilles
de l'aviation soviétique, avec ses moments d'attente,
ses missions, ses dangers, ses combats, l'exaltation de
la victoire et les peines lorsqu'un camarade ne rentre
pas. Les pilotes couchent dans des maisonnettes ou datcha
et arrivent sur le terrain en camion qu'il fallait sortir
des ornières,
tant le dégel avait été soudain. Les
mécaniciens construisent des abris de fortune à
même la terre faits de branches et de feuilles ou un
simple trou dans le sol. Le poste de commandement se trouvait
enterré dans une « zimlia », grand trou
de deux mètres de profondeur recouvert de troncs
d'arbres et de branchages avec comme accès un escalier
fait de troncs d'arbres fendus en deux.
Combien de souvenirs subsistent de cette époque :
la succession des missions, la dure bataille d'Orel de juillet
1943 où, en quelques jours, disparaissent de nombreux
pilotes, l'arrivée successive de petits renforts pour
combler les vides et participer aux combats suivants, enfin
le regroupement à Toula pendant l'hiver 1943-1944
avec l'arrivée de renforts importants et la transformation
de la petite escadrille en un régiment de quatre escadrilles.
Deux des vétérans de l'escadrille.
Le vicomte de la Poype à droite, et son ami Risso
à Nikountani où les grenouilles empêchent de dormir.
Musée des Andelys - Collection PC FNCV
Leur épopée s'est déroulée en
trois périodes :
Première
campagne de mars à novembre 1943
Après
leur arrivée à Ivanovo sous la conduite du commandant
POULIGUEN, les pilotes s'entraînent sous la direction
du commandant TULASNE. En mars 1943, ils arrivent à
Polotniani-Zadov : premier terrain de guerre, première
épreuve : celle du dégel. Le 5 avril, c'est
l'exultation : « Normandie » enregistre ses deux
premières victoires. Mais le 13, le premier deuil frappe.
Trois pilotes ne rentrent pas. Le bilan est lourd malgré
les trois avions ennemis FW190 abattus. Le 7 mai, encore un
pilote qui ne revient pas. Les voici réduits à
10…
Enfin, juin arrive avec ses nuits boréales et les
premiers renforts. C’est l'intégration dans la
303ème division du général ZAKHAROV.
Soudain éclate une fantastique préparation
d'artillerie : la bataille d'Orel commence, nous sommes le
10 juillet. L'affrontement est féroce, à terre
c'est l'enfer, dans les airs c'est le carrousel.
Les Allemands ayant alors décelé la présence
d'aviateurs français sur le front, ils concentrent
d'importantes formations avec les meilleurs pilotes et leur
infligent des pertes sévères le 14 juillet,
jour de la fête nationale française.
Le 17 juillet 1943, il y a 60 ans cette année, l'escadrille
compte déjà 30 victoires mais celles-ci sont
chèrement payées, car du 13 au 17 juillet, six
pilotes ne rentrent pas. Il s’agit du commandant TULASNE,
du capitaine LITTOLFF, des sous-lieutenants BERNAVON, De TEDESCO
et CASTELAIN ainsi que de l’aspirant VERMEIL. Le commandant
TULASNE, porté disparu au combat, est remplacé
par le commandant POUYADE. En quatre jours « Normandie
» fait 112 sorties, abat 17 avions.
Le 1er août, les rescapés s'envolent vers Smolensk
après l'arrivée de quelques renforts dans le
courant du mois. Les mécaniciens français retournent
au Moyen-Orient. Le 22 septembre 1943 une patrouille de onze
Yak surprend un groupe de Stukas. Le combat est bref, neuf
avions ennemis sont abattus, sans une perte pour les Français.
Le 11 octobre, le groupe « Normandie » est fait
Compagnon de la Libération avec plus de 50 victoires
homologuées. Le 6 novembre 1943 s'achève cette
première campagne avec un bilan de 72 victoires et
la disparition de 23 compagnons.
De novembre 1943 à mai 1944, « Normandie »
s'installe à Toula.
Seconde
campagne de mai à décembre 1944
De
nouveaux pilotes arrivent, dont le nombre va permettre de
porter le groupe à quatre escadrilles (Rouen, Le Havre,
Cherbourg, Caen).
C'est le 25 mai 1944 qu'ils quittent Toula avec leur Yak
9 pour Dubrovka. Le 26 juin, ils enregistrent une victoire
mais aussi la perte d’un homme. L'envergure de l'offensive
a repoussé le front à plus de 400 km. Le 15
juillet, départ vers Mikountani en Pologne. Le 29,
nouvelle destination : Alitous sur les bords du Niémen.
Début août est marqué par de très
nombreux et très violents engagements qui porteront
à 12 le nombre de leurs victoires et à six celui
de leurs pertes depuis le début de cette deuxième
campagne. C'est à Alitous qu'ils recevront les premiers
Yak 3, qu'ils fêteront la libération de Paris
et qu'ils recevront, par un ordre de STALINE, le nom de «
Niémen ».
Le 16 octobre, début de l'offensive sur la Prusse
orientale en direction de Königsberg. C'est dans cette
offensive que le régiment « Normandie-Niemen
» inscrira à son palmarès, dans une semaine
inoubliable, 95 victoires sans une seule perte (dont 29 dans
la seule journée du 16). Le 22 octobre, nouveau terrain
à Stierki-Didvigé à la frontière
lithuano-prussienne.
Novembre est relativement calme. Puis c'est la visite du
général De Gaulle le 9 décembre avec
une prise d'armes à l'ambassade de France, et retour
au front le 12 décembre pour une troisième campagne.
Troisième
campagne de décembre 1944 à juin 1945
Le 18 décembre 1944, les voici de nouveau sur le
front. Leur base est située sur les terres du 3ème
Reich proche de Königsberg. Les sorties sont nombreuses
et les victoires obtenues au-dessus des champs de bataille
de Gumbinnen, Interburg et Bladiau ne le sont qu'au prix de
lourdes pertes.
Février 1945 : depuis quelques jours, à chacun
de leurs vols, leur regard accroche les rives de la Baltique.
Ils combattent au-dessus de Königsberg.
Le 10 avril la ville capitule. Quinze jours après,
Pillau, dernier repaire et dernier refuge des escadres aériennes
ennemies, tombe à son tour.
Fin avril, 13 nouveaux pilotes arrivent en renfort, trop
tard pour participer aux combats.
Le 31 mai, ils sont dirigés sur Moscou et les autorités
soviétiques ont décidé qu'en récompense
de leurs faits d'armes, les pilotes du « Normandie-Niémen
» rentreraient en France avec les avions sur lesquels
ils ont combattu.
Le palmarès du régiment « Normandie-Niémen
» à la fin de la guerre sera de 273 victoires
officielles, 37 victoires probables et 45 avions endommagés
en 869 combats avec, malheureusement, 42 pilotes ayant fait
le sacrifice de leur vie.
Retour
victorieux sur la France
15 juin à Elbing
: cap à l'ouest pour retour à Paris via Posen,
Prague et Stuttgart.
21 juin, ils survolent enfin la France avec, à 18
H 15, le survol des Champs-Elysées. A 18 H 40 ils se
posent au Bourget.
Il existe à Moscou, quai Kpopotkine, un immeuble
nommé « résidence Normandie-Niémen
» où demeure le général français
attaché de défense. Sur la façade de
celle-ci se trouve une plaque commémorative portant
le nom des 42 disparus. Cette plaque, détériorée
par les ans, a été remplacée par une
nouvelle le 7 juillet 2003. Elle a été dévoilée
par madame ALLIOT-MARIE, ministre de la Défense, en
présence des hautes autorités russes et françaises.
Plusieurs fois par an, ont lieu des cérémonies
du souvenir. En avril 1989 la section du Rhône de la
FNCV est allée se recueillir et déposer une
gerbe en souvenir du sacrifice de leurs compagnons qui aidèrent
notre Pays à retrouver sa liberté perdue.
L'épopée de cette glorieuse formation fut
et demeurera une page magnifique de l'histoire de l'aviation
française.
En leur mémoire, nous rappellerons simplement cette
phrase du général De Gaulle :
« En rendant le dernier soupir,
vous avez dit « Vive la France ! ».
Dormez en paix, la France vivra car vous avez su mourir pour
elle. »