Godefroy Scamaroni surnommé Fred, naît le 24 octobre 1914 à Ajaccio.
Son père est avocat. Fred fait ses études à Saint Brieuc, puis à Brive et Charleville-Mézières et Paris. En 1934, il obtient sa licence de droit.
Le lieutenant Scamaroni voit sa tête mise à prix
1934 : Fred Scamaroni devance l’appel, est admis à l’école de Saint-Maixent. Nommé sous-lieutenant, il est affecté au 119e RI.
1936 : il devient chef du cabinet du préfet du Doubs, puis du Calvados.
1938 : il rejoint le 119e RI.
1940 : le 17 mai, il obtient son brevet d’observateur aérien. Le surlendemain, il reçoit une blessure au cours d’un combat aérien. Il est promu lieutenant et évacué sur Caen.
En juin, après avoir embarqué pour Londres, il s’engage dans les Forces Françaises Libres (FFL) où il reçoit son brevet de pilote. Volontaire pour partir en mission au Sénégal, il est fait prisonnier à Ouakam. Tentative d’évasion. Il est finalement libéré.
1941 : A peine libéré, le lieutenant Scamaroni s’engage alors dans l’action clandestine, dans le cadre du réseau Liberté. En mai, il débarque en Corse où il va organiser un réseau de résistance actif. Mais le réseau est rapidement noyauté par les agents de l’Axe. Il repart pour Londres en décembre. Sa tête est mise à prix.
Le capitaine « Severi » débarque d’un sous-marin
1942 : Après un nouvel engagement dans les FFL, il est affecté à l’état-major du général de Gaulle où il est promu capitaine. Il instruit les agents du Bureau Central de Renseignements et d’Action (BCRA) et organise les parachutages et la résistance en Corse, qui est alors occupée par 80.000 soldats italiens.
1943 : dans la nuit du 7 janvier, le capitaine Scamaroni, qui a pris le nom d’agent de renseignement de « Severi », débarque d’un sous-marin dans le golfe de Valinco, accompagné d’un officier anglais et d’un transmetteur radio. Leur mission est particulièrement importante et dangereuse. A ce stade de la guerre, le général Leclerc est déjà en Tunisie, tandis que le général allemand Von Paulus capitule à Stalingrad.
« Severi » s’emploie à la collecte et à la transmission de renseignements militaires sur l’ennemi, choisit les points de parachutage et de débarquements possibles, assure les recrutements pour les FFL, organise et unifie toute la résistance corse.
Soumis à de terribles tortures, il choisit la mort
Dans la nuit du 17 mars, il est capturé par les gendarmes italiens et enfermé à la citadelle d’Ajaccio ave 22 membres du réseau R2 Corse. Remis aux mains de l’OVRA, la Gestapo italienne, il est soumis à de longs et terribles interrogatoires, brutalisé, brûlé au fer rouge, ses ongles sont arrachés.
Afin de ne pas risquer de parler, il décide d’échapper à ses tortionnaires en se suicidant au moyen d’un morceau de fil de fer qu’il se fait passer à travers la gorge, dans sa cellule. Ses bourreaux le retrouvent mort. Il a écrit sur les murs :
« Je n’ai pas parlé.Vive de Gaulle ! Vive la France ! Ajaccio, le 19 mars 1943. »
Avant d’accomplir le geste suprême, il a remis à son voisin de cellule, ce message oral, au travers du mur qui les sépare : « Tu diras à ma mère, à mes sœurs, que ce n’est pas très dur de mourir et que je meurs content. »
Ayant accompli volontairement le sacrifice de sa jeune vie en emportant ses secrets dans la tombe, Fred Scamaroni a dépassé les limites de son devoir. Il a fait l’admiration de tous, y compris de ses bourreaux et du procureur militaire italien qui, devant le tribunal, a dû prononcer son éloge funèbre. Il demeurera un symbole de l’âme corse dans ce qu’elle a de plus de plus farouche et de plus noble.
Fred Scamaroni a reçu les plus hautes distinctions :