Le sous-lieutenant Perrot vient d’arriver parmi nous comme observateur. Maréchal des logis au début de la guerre, il a gagné dans les chasseurs à cheval des galons, des ordres du jour et la Légion d’honneur. Lorsqu’il fut décoré, il fut invité à déjeuner par le général commandant son armée.
Il a connu des dangers. Il était en garnison à Lunéville au début de la guerre. Il a fait tout le front jusqu’en Belgique. Ses aventures sont fantastiques, elles rappellent par de nombreux côtés celles de d’Artagnan. Petit, vif, trépidant, alerte, et … méridional, il donne l’impression d’un diable qui sort d’une boîte.
Ainsi, un jour, son commandant est blessé et fait prisonnier. Au hasard d’une patrouille, le sous-lieutenant Perrot approche du village occupé par les Allemands, où se trouve, à l’ambulance, l’officier français. Le chasseur n’hésite pas, il n’a que son ordonnance avec lui : il décide d’aller faire une visite à son commandant. Sans même se cacher, il entre dans la localité ; des civils français lui indiquent l’ambulance mais le conjurent de s’éloigner en hâte.
Rien ne peut modifier sa résolution. Il va au chevet du blessé. L’ordonnance – tué par la suite – garde le cheval dans la cour. Un quart d’heure après, Perrot descend de l'ambulance et repart. Des cyclistes allemands prévenus surgissent, lui font la chasse et tirent : aucun projectile n’atteint les deux cavaliers qui rentrent à leur régiment et racontent l’incident. Tout le monde rit, personne ne veut les croire.
Le soir, contre-attaque, nous prenons le village, les blessés n’ont pu être emportés tant était grande la déroute allemande. Nous retrouvons le commandant. Chacun épie le visage des deux héros croyant y voir de la déconvenue, leur bluff allant être découvert.
Mais les premières paroles de l’officier sont les suivantes :
Je suis bien content d’être de nouveau parmi vous. Ce matin, j’ai eu de vos nouvelles par le sous-lieutenant Perrot qui est venu passer un quart d’heure auprès de mon lit. Dites-moi s’il s’est échappé sans être tué, car j’ai entendu une terrible fusillade après son départ.