Avec le sombre orgueil qu’ils trouvèrent naguère
Dans leur si petit nombre et dans l’exaltation
D’incarner à eux seuls, ce que fut la nation
Ils durent soutenir tout le poids de la guerre.
Pendant plus de sept ans leur chants graves et lents
Scandèrent dans la boue, la pierraille ou le sable,
Le manège harassé mais toujours inlassable,
De leurs bérets rouges et de leurs képis blancs.
Et les mercenaires vétérans des batailles,
Et les volontaires au cœur adolescent
Répandirent souvent sur le sol leurs entrailles,
Et nourrirent la terre avec leur propre sang.
Invaincus au combat, ils n’avaient pas pris garde
À la sourde haine d’un pays décadent
Qui ne leur pardonnait d’être sa sauvegarde
Et le reflet vivant de sa grandeur d’antan.
L’inutile épopée ne laissa que des cendres,
Des régiments dissous, des héros en prison,
Que de vils plumitifs, ridicules cassandres,
Calomniaient à l’envi au nom de la raison.
Les guerriers ont vieilli en la foule des sots,
Dans la médiocrité d’une vie sans alarmes ;
Ils ne connaîtront plus l’angoisse des assauts,
Ni les jeux périlleux, ni les compagnons d’armes.
Mais ils ont pressenti la voie du surhumain.
Nos fils l’emprunteront en brisant toute entrave;
Ils prendront le pouvoir pour construire demain
Un ordre libéré des contraintes d’esclave.