Maurice, Louis, Albert CORBEAU est né le 2 janvier
1921 à Troyes, dans l’Aube. Son père avait été appelé au
service militaire fin 1914 : derrière sa mitrailleuse
du 114e R.I., il fut 2 fois blessé et 1 fois cité pendant
la guerre 1914/1918.
Maurice CORBEAU fut admis sur concours au lycée de
Troyes où il passa son baccalauréat.
Reçu à l’école Polytechnique,
repliée à Lyon, il y entre en octobre 1940.
En juillet 1942, il choisit de servir dans l’artillerie
coloniale et arrive à l’école d’artillerie
de Nîmes le 1er octobre.
Le 11 novembre, suite au débarquement américain
en Afrique du nord, les allemands envahissent la zone non-occupée
et le 27 novembre les élèves-officiers sont
renvoyés dans leurs familles.
Revenu chez ses parents à Troyes il entre dans la
résistance en janvier 1943, il relève les coordonnées
des installations de l’armée allemande et participe à l’organisation
et à la réception des parachutages d’armes,
envoyées par les Anglais aux résistants. Mais,
en juin 1943, suite à des dénonciations et à des
arrestations, il est recherché et se réfugie à Paris
puis dans les Landes. Dans la nuit du 14 au 15 août
1943, il s’évade de France en franchissant clandestinement
la frontière espagnole. Arrêté par la
police espagnole, il est transféré à Irun
puis à Madrid. Pris en charge par la croix-rouge et
les représentants de la France libre, il parvient à gagner
Lisbonne au Portugal pour faire partie d’un convoi
de 3000 évadés de France, embarqués
sur le paquebot « Gouverneur général
Lépine » qui les emmène à Casablanca,
où ils arrivent le 25/09/1943 en échappant
aux sous-marins ennemis.
Il est envoyé à l’école militaire
de Cherchell où il termine son instruction, avant
d’être affecté en 1944 au 3e groupe du
régiment d’artillerie coloniale du Levant, stationné au
Maroc.
A la mi-septembre 1944, sa batterie débarque à Marseille
; les alliés sont en Provence depuis le 15 août.
Il participe aux combats autour de Briançon, puis
arrive dans les Vosges près de Gérardmer. Après
la libération de Strasbourg en novembre 1944, il participe à la
bataille d’Alsace, à la dure libération
de Colmar, puis à l’entrée en Allemagne.
Il termine la guerre au commandement de la 8e batterie :
il a calculé qu’il a fait partir 12000 coups
de 155 avant la victoire du 8 mai 1945.
Maurice CORBEAU a été profondément
marqué par les combats en Alsace : son capitaine a été tué en
sautant sur une mine avec sa jeep. Son ordonnance, un soldat
ivoirien, a été tué par un obus de 88
allemand, tiré en contre-batterie. Il est enterré à la
nécropole nationale de Sigolsheim, près de
Colmar. Il y a quelques années, j’ai été le
témoin de son émotion alors que nous nous trouvions
devant cette tombe, recherchée ensemble : ce soldat
africain qu’il aimait, mort pour la France en Alsace.
C’est donc avec son cœur que le Président
CORBEAU n’a cessé de demander, avec nous, une
justice non encore satisfaite : que nos frères d’armes
de l’ancien empire français perçoivent
la même retraite du combattant que nous.
Après la victoire de mai 1945, Maurice CORBEAU retourne à la
vie civile, il se destine à une carrière d’ingénieur
dans la construction mécanique. A partir de la fin
1947 il va passer plus de deux ans aux Etats-Unis, pour parfaire
ses connaissances. Rentré en France en 1950, il travaille
dans l’industrie automobile, spécialiste des
machines-outils et des circuits hydrauliques.
Il est ensuite
directeur d’usine, avec 200 machines,
puis directeur d’un groupe d’usines. En 1978,
il est mis en pré-retraite.
Pendant toute sa carrière civile il a été un
officier de réserve assidu, franchissant tous les
grades et affecté à l’Etat-major de Châlons-sur-Marne
jusqu’à l’âge limite de 62 ans.
En 1982 commence la dernière partie de sa vie, consacrée à notre
fédération à laquelle il avait déjà adhéré en
1946, il y a 56 ans.
En effet, en 1982, le président fédéral
Henri EUGENE, son ancien à l’école Polytechnique,
et le vice-président Georges WAUTERS, qui fut son
premier chef dans la résistance champenoise, lui demandent
de reconstituer une section FNCV dans la Marne. Il débute
avec 5 adhérents et en recrutera 240.
Depuis 1983, il a participé à toutes nos rencontres
nationales. En 1990, il devient premier vice-président
fédéral. Ensuite président-délégué,
il est élu président fédéral
en 1997 mais, déjà atteint par la maladie,
il devient volontairement président national honoraire
en 1999.
Pendant ces 20 années il s’est entièrement
donné à sa section départementale et à la
fédération.
Le président Maurice CORBEAU était officier
de l’Ordre national du Mérite, titulaire de
la médaille des évadés, de la croix
du combattant volontaire de la résistance et de la
croix du combattant volontaire 1939-1945.
Il est décédé le lundi 3 juin 2002 à l’hôpital
de Bar-le-Duc.
Hommage rendu par le président national François
GOETZ.