C'est le 16 janvier 1919 que fut
déclarée à la préfecture de la
Seine la « Ligue des Combattants Volontaires de la
Grande Guerre-Fraternité d'Armes », dont le
siège social était au 53 bis, Boulevard Suchet à Paris.
Cette ligue n'eut pas tout le succès escompté,
les camarades ayant des titres de guerre exceptionnels, tels
JAY ou HUTIN-DESGREES, s'associant difficilement à des
engagés volontaires n'ayant connu de la zone des armées
que les services de l’arrière.
A la suite des « Etats généraux de
la France Meurtrie », organisés à Versailles
en 1927, un appel fut lancé afin de regrouper tous
les « vrais » Combattants volontaires. La campagne
ainsi lancée connut un succès complet, qui
aboutit le 22 décembre 1928 à la transformation
de la première association en la « Fédération
Nationale des Combattants Volontaires de la Grande Guerre »,
avec un siège social transféré 7,
Rue de la Pépinière, à Paris. Ce siège
fut de nouveau transféré en mai 1933 au 28,
boulevard de Strasbourg.
Le 14 décembre 1935, la Fédération
prend le nom de « Fédération Nationale
des Engagés et Combattants Volontaires de la Grande
Guerre » et fusionne en mars 1936 avec la Fédération
Nationale des Unions d'Engagés Volontaires pour
la durée de la guerre.
Le siège social est
alors transféré 9, rue Mazagran,
où nous
sommes toujours depuis cette date.
Deux ans plus tard, en septembre 1938, la Fédération
fusionne, avec la Fédération Nationale des
Engagés Volontaires et prend le nom de « Fédération
Nationale des Volontaires de Guerre ».
Le 16 octobre 1941, le gouvernement de Vichy confirme
la décision, prise le 14 août 1941, de la
dissolution de notre Fédération, au profit
de la « Légion Française des Combattants »,
seule habilitée par Vichy pour regrouper tous les
anciens Combattants, quels qu'ils soient.
Aussitôt après la libération du territoire
français, notre Fédération renaît
de ses cendres et prend le nom de « Fédération
Nationale des Volontaires de Guerre 1914-1918 et 1939-1945 ».
Le 1er novembre 1944, Eugène WEISSMAN, alors président
fédéral, reçoit du général
DE GAULLE une lettre précisant qu'en attendant une
nouvelle loi déterminant les nouvelles catégories
de Combattants volontaires à joindre à celles
de 1914-1918, il était d'accord pour considérer
comme tels tous les F.F.L. et tous les Résistants
et F.F.I. ayant combattu avant le retour du gouvernement
provisoire de la République en métropole.
Cette lettre fait de nous la première association
en date ayant pu accueillir en son sein tous les Combattants
volontaires de la Résistance.
En
juin 1996 : Adoption de la dénomination F.N.C.V.
Afin de matérialiser cette nouvelle
situation, notre Fédération prend en septembre
1945 le nom de « Fédération Nationale
des Combattants Volontaires des guerres 14/18, 39/45 et des
Forces de la Résistance » qui deviendra en mai
1947 la « Fédération Nationale des Combattants
Volontaires des Guerres 14/18, 39/45, des T.O.E. et des Forces
de la Résistance », nom qu'elle gardera jusqu’au
5 juin 1996, date à laquelle l’assemblée
générale extraordinaire, réunie à Chasseneuil-du-Poitou
dans la Vienne, vote la modification de l’appellation
de la Fédération ainsi dénommée
:
FEDERATION NATIONALE des Combattants
VOLONTAIRES 1914-1918,
1939-1945, Résistance, T.O.E.,
A.F.N. et Opérations Extérieures
Pour terminer ce long historique, il faut signaler que
le 29 mars 1960 un décret, signé de Michel
DEBRE, nous conférait le privilège de figurer
parmi les associations reconnues d'utilité publique,
chose assez rare pour devoir être signalée.
On peut se demander pour quelles raisons une Fédération
qui était, au moment où elle reçut
la lettre du Général DE GAULLE, le 1er novembre
1944, la seule association pouvant officiellement accueillir
tous les F.F.L. et tous les résistants, n'a pu parvenir à faire
l'unité des Combattants volontaires. Je crois discerner
le motif de ce phénomène dans le fait que
nos glorieux Anciens de 1914-1918 qui constituaient l'ossature
de notre Fédération n'ont pas offert immédiatement
en quantité suffisante des postes de responsabilité aux « gamins » que
nous étions. Les « gamins », qui venaient
de vivre l'expérience toute nouvelle d'une guerre
peut-être plus atroce encore que toutes celles connues,
qui étaient lourds du poids de tous les sacrifices
consentis pour la reconquête de la liberté et
la grandeur de leur Patrie, ont voulu créer leurs
propres associations dont ils ont été les
responsables incontestés.
Aussi, ne faudrait-il pas que nous, ceux de la deuxième
génération du feu, qui arrivons à un âge
plus avancé que celui qu'avaient atteint, en 1945,
nos grands anciens de 1914-1918, commettions la même
erreur en face de nos jeunes camarades. Il faut, dans notre
Fédération, dans nos sections et associations
affiliées, savoir leur offrir des présidences,
des postes de responsabilité pour assurer une relève « en
douceur » des dirigeants actuels. C'est là,
et nulle part ailleurs, que réside la pérennité de
notre Association. Nous souhaitons tous, de toutes nos
forces, qu'un nouveau conflit ne vienne pas renouveler
nos effectifs. Nos associations sont donc, inéluctablement,
condamnées à la disparition.
Grâce à nos jeunes Combattants volontaires
des 3ème et 4ème générations
du feu, la F.N.C.V. survivra la dernière et elle
est appelée à servir de lieu d'accueil à tous
les Combattants Volontaires qui seront les derniers survivants
de leur association.
Trois
grandes missions de la F.N.C.V.
Permettez-moi de vous rappeler quelques moments importants
de la vie de notre Fédération. Ceux-ci se répartissent
en 3 grands chapitres :
la défense des droits des Combattants volontaires,
l'œuvre de la Fédération au plan
social ,
le travail de la Fédération au plan
international.
C'est notre Fédération qui est à l'origine
de la loi votée à l'unanimité par
les deux chambres, le 6 avril 1930, qui créait la
qualité de combattant volontaire et attribuait un
premier contingent de Légion d'honneur en leur faveur,
contingent qui fut reconduit ensuite à plusieurs
reprises. Dans son article 1er, cette loi donne une excellente
définition du combattant volontaire. C'est l'ancien
combattant, titulaire de la carte du combattant qui a été volontaire à un
titre quelconque pour servir dans une unité combattante,
au Front, à un moment où la Loi ne pouvait
l’y contraindre. C'est suite à notre demande
que, par décision de 1936, la croix du combattant
volontaire fut accordée aux engagés volontaires
de 1870-1871 titulaires de la carte du combattant. Dès
1946, des démarches furent entreprises, exclusivement
par notre bureau fédéral, auprès de
la commission de l’armée et les textes qui
lui furent soumis servirent de base à la proposition
de loi créant la croix du combattant volontaire
1939/1945, proposition votée sans débats
le 4 février 1953.
Notre Fédération continua à se battre
et elle obtint la création de la croix du combattant
volontaire pour l'Indochine, pour la Corée et, enfin,
pour l’Afrique du Nord pour laquelle elle bénéficia
de l'appui, ô combien puissant, de nos amis du Front
uni des Combattants d'Afrique du Nord. Quand, en 1941,
le gouvernement dit « de Vichy » prit la décision
d'accorder la croix du combattant volontaire aux volontaires
de la L.V.F., le président WEISMANN fit remettre
au chef de l'Etat une protestation précisant que
la Fédération s'élevait contre une
telle intention et demandait à tous les Combattants
volontaires de 1914-1918 de venir déposer leur croix
sur la dalle du Soldat Inconnu. Le gouvernement préféra
reculer et la décision fut rapportée.
En ce qui concerne l'action de notre Fédération
sur le plan social, je citerai brièvement l'organisation
en 1929 d'une semaine de vente de charité en faveur
des aveugles de guerre, d'une campagne lancée en
1930 par notre section de la Seine sur l'hygiène
dentaire des enfants, reprise par le conseil municipal
de Paris et aboutissant à la création de
la Fondation EASTMAN, la création en 1932 du premier
centre de transfusion sanguine uniquement avec des donneurs
Combattants volontaires membres de notre section de Seine-et-Oise,
la création de « La Maison de cure des gazés
au Mont-Dore » financée par une journée
nationale à laquelle toutes les sections de la Fédération
participèrent. Cette fondation eut beaucoup à souffrir
pendant l'occupation ce qui, en 1952, amena la Fédération à faire
don de l'établissement aux œuvres sociales
du ministère des Armées. En 1955, au cours
du congrès national, tenu à Oran, les congressistes
décidèrent à l'unanimité d'organiser
chaque année une colonie de vacances destinée
aux jeunes musulmans, pupilles de la Nation, dont les parents
sont morts pour la France. C'est la création de
la colonie de vacances des «Cigognes» à Saint-Amarin,
près de Mulhouse, fermée depuis.
Je voudrais ajouter à cette liste une anecdote
significative de la générosité du
président WEISMANN. Invité en 1948 et en
1949 par l'Américan Légion, le président
WEISMANN est l'objet de nombreuses manifestations de sympathie.
Il rencontre, à plusieurs reprises, le président
TRUMANN et lie avec des mécènes américains
de solides amitiés qui lui valent un don de 5 millions
de francs pour les œuvres des anciens Combattants
français. En accord avec le bureau fédéral,
il remet intégralement les fonds recueillis à trois
associations de mutilés et d’anciens Combattants,
ne gardant rien pour sa Fédération des Combattants
Volontaires.
La Fédération est également active
sur le plan international. Le vice-président de
notre association, le Docteur CELLES de Bordeaux, se voit
confier, en 1929, par le ministères des Affaires
Etrangères, une mission en Yougoslavie. Celle-ci
eut de tels résultats qu'il fut chargé d'une
mission identique, en Italie, en 1930. A la même époque
la Fédération fait édifier à la
Chalade, en Argonne, un monument à la mémoire
des frères GARIBALDI et des Garibaldiens qui y sont
tombés en 1915. En maintes occasions, notre Fédération
répond largement aux appels lancés lors de
grandes catastrophes survenant dans le monde. En 1948,
notre section du Nord organise à Lille un congrès
international des Combattants volontaires interalliés
qui groupe d'importantes délégations venues
d’Angleterre, des U.S.A., du Canada, du Luxembourg,
de Belgique et de Norvège. A la suite de ce congrès
en juillet 1950, est créée la Fédération
Interalliée des Combattants Volontaires, avec son
siège social au 9, rue de Mazagran, hélas
aujourd'hui disparue.
Si je me suis étendu longuement, trop longuement
peut-être, à votre gré, sur notre histoire,
c'est pour vous montrer combien notre Fédération
fut grande, tant sur le plan national qu'international
et combien notre humilité doit être profonde
quand nous nous comparons à nos Grands Anciens.
Henri EUGENE, président national de la Fédération
de 1980 à 1992