Jacques Alphonse de Peretti naît à Levie Alta Rocca, en Corse, en 1912.
Après avoir fréquenté les bancs de l'école communale de Lévie, il fait ses études secondaires à Ajaccio, puis effectue des études d'agronomie et obtient son diplôme d'ingénieur. Appelé sous les drapeaux, il passe avec succès le concours des élèves officiers de réserve.
Lorsqu'éclate le deuxième conflit mondial, le lieutenant De Peretti se rengage pour participer à la guerre, et est affecté au premier bataillon de la 173e demi-brigade alpine. Celle-ci, engagée dans la bataille de l’Aisne, attaquée par des forces supérieures, se maintient avec ténacité du 17 mai au 18 juin 1940. Mais l'unité est encerclée et le lieutenant De Peretti est fait prisonnier. Il réussit à s'évader avec deux camarades et rejoint son unité. Il est mis à la retraite d'office et rentre en Corse, dans son village de Levie.
Le 8 novembre 1942, la Corse est occupée par 80.000 soldats italiens renforcés, à partir du 12 décembre 1942, par 12.000 SS de la division allemande Reichsführer. De Peretti, entré dans la Résistance où il a retrouvé son fidèle ami Paul Nicolaï , dispose de 250 partisans qu'il instruit militairement, en vue d'une insurrection armée contre les forces d'occupation. L'occasion lui en est donnée en 1943. Le 15 septembre, un très important convoi s’avance sur la route de Sotta à Levie. Les 60 camions qu'il comprend transportent 2000 soldats allemands et "Chemises noires", escortés par 7 chars. Le convoi est pris à partie par les résistants de Sotta qui dressent plusieurs barrages sur son parcours. Trois camions sont détruits et plusieurs Allemands tués. Les résistants, ne parvenant pas à faire sauter le tunnel de Baccino, réussissent à détruire celui de Rajo, ce qui immobilise les forces ennemies à 700 m de l’entrée. De très lourdes pertes leur sont infligées par les maquisards qui disposent de mitraillettes, de grenades et de deux fusils mitrailleurs. Le 17 septembre, les Allemands renoncent et rebroussent chemin en laissant derrière eux 200 tués, 400 blessés, 27 camions détruits ou capturés ainsi que 8 motocyclettes. Dans les rangs de la Résistance, on dénombre 10 morts et 10 blessés.
Le 3 janvier 1944, le général Giraud rendra hommage au village de Levie dans les termes suivants: "S’est plus spécialement distingué au feu, face aux Allemands, dans des combats où le courage et l’esprit de sacrifice ont suppléé à l’infériorité des moyens matériels. A infligé à l’ennemi des pertes terribles. A été un des artisans les plus effectifs de la libération de la Corse"». Le général Mollard ajoutera: « j’ai toujours dit et pensé que l’attaque que vous avez faite si bravement et si spontanément était le plus bel acte et le plus pur de la libération de la Corse et je suis persuadé que cette action a été déterminante sur la décision prise par les Allemands d’évacuer rapidement l'île ». La Corse sera le premier département français libéré.
Le lieutenant De Peretti va ensuite participer, comme volontaire, à la campagne d’Italie avec le corps expéditionnaire du maréchal Juin. Il embarque à Bizerte le 17 Février 1944 et débarque le 18 à Naples. Il est affecté au 3éme régiment de tirailleurs algériens, au sein de la 3e DIA, le 9 mars de la même année. La division perce la ligne Gustav et le lieutenant De Peretti participe à l’offensive du Garigliano jusqu'à la prise de Rome. Le 14 mai, la 3éme DIA nettoie la vallée de l’Ausente, et le 18, Cassino tombe enfin, après trois jours de combats sauvages qui font plus de 1.000 morts !
Le 20 mai 1944, toutes les forces alliées se lancent à l’assaut des casemates et des blockhaus protégés par des mines. Les Français s‘emparent de Santa Olivia, des monts Coronella, Fontamino, Croce et du massif du Mandrone. Le 25, c'est la prise de Pico et de Ponte Corvo.
Le capitaine De Peretti se voit décerner ces élogieuses appréciations: « Magnifique chef de guerre, le 15 mai 1944 se lance à l’attaque de la Bastia; bloqué à 200 mètres de la crête par le feu de nombreuses armes automatiques ennemies, il réussit cependant à s’infiltrer à l’intérieur de la ligne fortifiée allemande. Le 17, malgré ses pertes des jours précédents, il s’empare par surprise du Monte Del Oro. Le 22 mai, chargé de défendre le mont Leucio, il fait face à une puissante attaque adverse et s’accroche désespérément au terrain jusqu’au lendemain matin, infligeant à l’ennemi des pertes sévères. Le 25 mai, enfin, il porte sa compagnie sur le Cervaro, qu’il occupe de vive force, couvrant ainsi le régiment qui progresse en direction de San Giovanni »
En août 1944, c'est le débarquement de Provence, et le capitaine De Peretti va à nouveau se distinguer, ce qui lui vaut cette nouvelle citation: « Commandant de compagnie de premier ordre, le 21 août 1944, ayant reçu pour mission d’établir un bouchon sur la route la Valette-Dardennes-Toulon et d’arrêter toute circulation sur cet axe, se heurte à un fort point d’appui allemand au château de la Ripelle. Par une manœuvre judicieuse d’encerclement, réussit à faire tomber la garnison ennemie. Contre-attaqué deux fois, menacé de nuit par des infiltrations de l’ennemi qui veut à tout prix reprendre cette position capitale pour lui, non seulement réussit à se maintenir, mais encore à améliorer sa situation au point de rendre inutilisable à l’ennemi l’axe la Valette-Toulon. Fait de nombreux prisonniers et capture un énorme butin. Signé Charles de Gaulle ». Le capitaine Peretti participe ensuite à la campagne de France et à la libération du territoire national dans le cadre des missions confiées à la 3e DIA. Le 21 octobre 1944, il est grièvement blessé à la cuisse, au col de Broche, dans les Vosges.
Ce grand soldat de France poursuit enfin son parcours durant la guerre d'Indochine, puis celle d’Algérie. A l'issue, il reçoit un commandement prestigieux, celui du bataillon français à Berlin. Il termine sa carrière avec le grade de lieutenant-colonel et prend sa retraite à Lévie, où il décède, le 9 février 2010, à l'âge de 97 ans..
Commandeur de la Légion d'honneur, Jacques Alphonse de Peretti a reçu 10 citations. Il est titulaire de la croix de guerre 1939-1945, de la croix de guerre des TOE, de la croix de la valeur militaire, de la croix du combattant volontaire, et de nombreuses autres décorations. Son parcours est jalonné de nombreuses actions héroïques qui lui ont valu la Légion d’honneur au feu, la Distinguished Service Cross et la Silver Star Medal.
En septembre 1984, pour le cinquantième anniversaire de la libération, la commune de Mouthe dans le Doubs inaugura une plaque commémorative où l'on peut lire les mots suivants « Le 4 septembre 1944, le 3e régiment de tirailleurs algériens « Capitaine De Peretti » a libéré Mouthe.