Au début de l’année 1955, Crespin et Puy Montbrun tirent, dans un rapport, les enseignements de la guerre d'Indochine. Il y est fait mention des concepts qui feront l'ALAT: hélicoptère de combat, aéromobilité, capacité antichar.
A la fin de 1954, l'armée de terre dispose de deux structures différentes pour ses moyens aériens: l'ALOA qui regroupe les avions au sein des GAOA et le GH1, unité d'instruction des pilotes d'hélicoptères. Afin de regrouper le GH1 et l'ALOA sous un même commandement, l'ALOA devient aviation légère de l'armée de terre le 22 novembre 1954. Le commandement en est confié au général Lejay. L'ALAT devra synthétiser l'ensemble des missions expérimentées depuis les premiers observateurs de la 1ère guerre mondiale.
L'armée de l'air ne contrôle plus que les phases de départ et d'arrivée des appareils. Sur zone, l'observateur de l'ALAT dépend du commandement terrestre de l'opération. Il assure la liaison avec les avions de l'armée de l'air chargés de l'appui sol.
Le transport tactique voit le jour
Crespin, avec l'appui du colonel Bigeard, peut commencer à mettre en œuvre ses idées sur le transport tactique des personnels, permettant de s'affranchir du terrain.
Hélicoptère de transport Vertol H21 surnommé "la banane"
Après une période d'improvisation au cours de laquelle les hélicoptères H-19 sont employés par petits groupes, l'arrivée du Vertol H-21 "Banane", en 1956, permettra d'accroître l'efficacité du binôme hélico-infanterie. Les H-21 sont constitués en formations de six appareils, appelées Détachements d'Intervention Héliportée (l'appellation "Détachement d'Hélicoptères de Combat" est refusée).
Le DIH est officialisé en janvier 1958 et sa doctrine d'emploi est diffusée. Ceci, bien entendu, ne fait pas l'affaire de l'armée de l'air, qui craint la concurrence budgétaire de l'ALAT. Elle cherche alors à mettre la main sur les hélicoptères de transport.
L'hélicoptère armé de l'armée de terre
Le conflit met en évidence la nécessité d’escorter les hélicoptères de transport avec des hélicoptères armés. Divers essais sont effectués jusqu’à l’arrivée d’un porteur plus lourd permettant l’emploi d’armement plus conséquent. Le H34, le H19 et le Bell 47 vont donner la possibilité à de géniaux bricoleurs de peaufiner l’hélico d’assaut du futur.
Sikorsky H34 armé d'un canon de 20 mm surnommé le "barlut canon"
L’état major de l’armée de l’air rappelle au colonel Brunet « que l’appui tactique est une mission de l’aviation d’appui ». Malgré cela, les expériences continuent et à la mi 1957, le projet aboutit à un engin que nous retrouvons au Vietnam, en Afghanistan et plus récemment en Yougoslavie.
Jugeons en :
Un H34 muni de 10 lance roquettes antichars de 73mm, panier de 18 roquettes dans l’axe, canon de 20 mm, deux mitrailleuses de 12.7 mm et une mitrailleuse en sabord de 7.5 mm. Après des essais, l’armement axial est supprimé.
La "couleuvrine" de la marine
En 1955, l'aéronautique navale détache un S-55 auprès du GH-2 puis en 1956, crée la flottille 31F sur H-21. Cette unité est commandée à partir de septembre 1957 par le lieutenant de vaisseau Babot. Ce dernier, comme Crespin et Brunet, était convaincu de la nécessité de protéger les hélicoptères de transport par des machines armées. En Indochine, il avait transformé un hydravion en bombardier contre les sampans... En Algérie, il commence par expérimenter le H-21 comme bombardier équipé de 5 bombes de 250 livres. Mais ce système d'arme, aussi efficace soit-il, ne protège pas les hélicoptères de transport, aussi est-il abandonné. Avec l'aide de Guinard, il améliore le système mis au point par Brunet et équipe un H-21 d'un canon de 20 mm. La "couleuvrine" est employée en opérations à partir d'avril 1959. Les commandos qui se sont trouvés en difficulté se rappellent avec émotion l’arrivée salvatrice de cet engin dont l’indicatif était « barlut canon ».
En 1960, l'ALAT s’organise
En 1960, l'ALAT aligne 687 avions et 394 hélicoptères, servis par 442 officiers et 1850 sous-officiers.
En Algérie, le GH2 est la seule unité d'hélicoptères de manœuvre de l'armée de terre opérationnelle. Il s'y ajoute 17 pelotons avions et 15 pelotons mixtes avions hélicos légers. Les écoles de l'armée de terre de Saumur, Montpellier et St Maixent accueillent des pelotons mixtes avions hélicos. Le commandement de l'ALAT est basé à Issy les Moulineaux.
L'école de spécialisation de l'ALAT, située à Dax, est chargée de la formation initiale des pilotes et observateurs, tandis que l'école d'application, implantée Sidi Bel Abbès, forme les pilotes au combat.